UNE VIE AVEC ALEXANDRA DAVID-NEEL
UNE VIE AVEC ALEXANDRA DAVID-NEEL
une bande dessinée réalisée par Fred Campoy et Mathieu Blanchot
Qui est Alexandra David Néel ?
Cette bande dessinée, c’est l’histoire de la plus grande exploratrice française à l’occasion du cent cinquantième anniversaire de sa mort. Elle est née en 1868 à Saint-Mandé et décédée en 1969 à Digne-les-Bains.
Elle fut, en 1924, la première femme d’origine européenne à séjourner à Lhassa au Tibet, de là est née sa renommée.
Les auteurs de cet opus, en trois albums, ont décortiqué la vie de cette femme, une vie captivante.
André C.
leurs enfants après eux
leurs enfants après eux
Actes Sud
Nicolas Mathieu
Nicolas Mathieu, né le 2 juin 1978 à Épinal dans les Vosges, est un écrivain français.
Son premier roman publié, Aux animaux la guerre, qui est sorti en 2014, a été adapté pour la télévision.
Nicolas Mathieu a obtenu le prix Goncourt le 7 novembre 2018, pour son deuxième roman, Leurs enfants après eux, paru en août.
L’histoire se déroule pendant les étés de 1992 à 1998. Ce sont les vacances d’adolescents (14 ans) dans une petite vallée de l’Est (Lorraine) dans un monde désindustrialisé et qui meurt, dans de petites villes moyennes sur le déclin.
On suit plusieurs groupes d’ados qui vont se croiser. L’auteur y décrit l’ennui, leurs amours, leurs relations (crûment).
C’est une peinture de classes sociales différentes qui à la fois s’ignorent et à la fois se mélangent et se heurtent. Il y a les Arabes, la classe ouvrière, la classe moyenne et les parias, les Rom ignorés.
Qu’espère la jeunesse ? Qui sortira de son milieu, qui répètera sans l’avoir désiré la même vie que les parents ?
Peinture d’une France des années 90 sur le déclin.
Le style des dialogues est calqué sur le langage des ados mais les descriptions des lieux témoignent du talent d’un écrivain.
Roman plutôt pessimiste dans lequel on retrouve l’ennui, le sexe, la drogue et le vol d’une mobylette qui comme un fil rouge entraînera la déchéance, la descente aux enfers d’une de ces familles.
Jacqueline
MY ABSOLUTE DARLING
MY ABSOLUTE DARLING
L’Auteur : Gabriel Tallent est un écrivain américain né en 1987 au Nouveau Mexique. Il a grandi à Mendocino, en Californie, où il a fait ses études.
My Absolute Darling a été le livre phénomène de l’année 2017 aux États-Unis. Ce roman inoubliable sur le combat d’une jeune fille pour devenir elle-même et sauver son âme marque la naissance d’un nouvel auteur au talent prodigieux.
Extrait : « L’après-midi Turtle se tient sur la dernière marche du porche, le baril du fusil ouvert et fumant, des silhouettes en carton fixées à intervalles réguliers dans le jardin, chacune criblée de chevrotine. Martin est assis dans le fauteuil Adirondack.
– J’aimerais bien aller à la fête de l’école, dit Turtle.
Martin se passe le pouce sur la mâchoire sans la quitter des yeux.
J’aimerais bien aller acheter une robe avec toi, dit-elle.
Elle le regarde et elle pense, j’espère que tu comprends ce qu’on a ensemble, toi et moi, nous deux sur cette colline, et j’espère que ca te suffit, j’espère que ça te suffit car, pour moi, ça représente tout.
Il ne répond rien et elle pose le fusil sur la balustrade avant de descendre dans le jardin. Elle y récupère les cartons et les rapporte sous le porche. Elle se penche au-dessus et mesure l’espace à l’aide d’un mètre ruban, puis elle note dans un cahier les détails du tir, à l’écart entre les impacts et la distance en repères de cinq mètres. Martin l’observe, un livre ouvert sur ses cuisses. Quand elle a inscrit les mesures, elle ramasse le cahier et le fusil, puis elle rentre et monte dans sa chambre. Elle ferme la porte et s’y adosse. Elle sort le T-shirt de Jacob, l’étale sur le parquet. Ce n’est rien d’autre, pense-t-elle, qu’un simple objet. Le vêtement est raidi par la boue séchée, il sent les feuilles vertes des parviflores et puis, il sent Jacob aussi, et elle pense, mon attention et mes objectifs sont liés, indissociables, mais elle ne comprend pas la moitié de ce qu’elle fait, et elle ne connaît même pas son propre esprit.
Turtle rêve qu’elle tombe. Qu’elle tombe et que le fusil lui glisse des mains et cette sensation, cette secousse qui la réveille en sursaut, elle se redresse dans son lit, silencieuse, le souffle court, l’oreille tendue pour percevoir un sifflement lointain, le son de ses propres cellules auditives à l’agonie. La maison sent le bois et l’eucalyptus. Le sac de couchage est froissé et moite de sueur, noirci par la graisse à certains endroits. Elle attend, se rallonge lentement et sans bruit sur la couchette. Il ouvre la porte, elle prend soin de ne pas bouger. Le clair de lune projette un rectangle de lumière sur le sol. »
Critique :
Le terme de “chef-d’œuvre” est bien trop galvaudé, mais il ne fait aucun doute que My Absolute Darling en est un.
Stephen King
Avis :
Curieusement, ce premier roman, renvoie à celui d’Adeline Dieudonné, initial lui aussi, et traitant, à quelques nuances près, de la même noirceur sous le joug du patriarcat.
Julia surnommée Turtle (tortue), Croquette aussi, par son père a quatorze ans. Elle est isolée entre son père qui régente sa vie, et son grand-père qui vit dans son mobile home à proximité, vétéran de guerre, solitaire, impuissant à changer le cours des choses mais affectueux avec Turtle. Dans ce huis-clos infernal, elle n’a même pas conscience de son état de petite victime d’un père outrancier, charismatique bien que redouté, tant il manie les armes avec aisance et facilité. "Mon amour Absolu", dit il parfois à sa fille. Et s’il lui donne un amour qu’il prétend absolu, il exige implicitement le même amour en retour.
Elevée comme une sauvageonne du Pacifique, sans aucun repère social, sans amitié, sans autre modèle que celui que lui impose son père. Les seules personnes qui viennent parfois le soir sont les compagnons de jeux de cartes du père. Julia subit l’école par obligation, pour ne pas attirer l’attention d’une société en phase d’autodestruction, selon la philosophie démentielle du père.
Elle manifeste tous les symptômes de la maltraitance selon une enseignante un peu plus attentive que d’autres, mais Julia défend son père. Elle refuse d’admettre les travers dont elle est victime depuis toujours. Elle n’en est même pas vraiment consciente. A la maison, elle passe son temps à démonter, nettoyer et remonter ses fusils et autres armes de poings, dont elle maitrise parfaitement le maniement. Elle n’a aucun souvenir de sa mère dont on comprend à demi-mot qu’elle s’est donné la mort, a moins qu’elle ne soit morte de mauvaises conditions de vie imposées par son mari, cela reste confus, quand Turtle était très jeune. Seule, cette enseignante tente de percer le mystère de l’élève si réfractaire à l’enseignement, si solitaire. Mais le père, convoqué, balaie d’une formule ironique les inquiétudes de la jeune femme. Il est tout ce qu’a Julia, et il l’aime, il le lui dit, il l’aime d’un amour absolu.
Un soir pourtant sa vie bascule. Alors qu’elle erre en forêt, sous la pluie, elle croise le chemin de deux jeunes garçons randonneurs qui se sont égarés en cherchant un endroit où planter leur tente pour la nuit. Elles les a déjà vus à l’école, elle décide de leur venir en aide. A leur contact, elle entrevoit une autre vie possible.
Julia est maintenant troublée et son père, sentant le changement infime qui s’opère en elle, resserre son étau et punit pour étouffer la rébellion naissante. Mais Turtle a une volonté d’acier, une avidité de vie qui lui permet de supporter l’insupportable. Entre haine et amour, entre fidélité et culpabilité, entre peur et envie, elle devra se battre et ruser pour échapper à ce père abusif et manipulateur.
Puis arrive une petite fille, Cayenne, que son père a déniché on ne sait où ni comment et qui atteint Julia par sa candeur et sa vulnérabilité. Elle l’ignore d’abord puis réalise qu’elle seule peut sauver l’enfant. Il faudra juste que l'abominable, l'indicible monte encore en puissance pour que le déclic se fasse.
La nature, magnifique et luxuriante, y est décrite avec force détail. Une nature vivante, palpitante, presqu’inquiétante. Une nature où Turtle se régénère au contact de ses hôtes, à branches, à poils et à plumes, lors de ses fréquentes escapades. Une nature sauvage qui la force à se surpasser pour survivre.
Le personnage du père, monstrueux, marginal, sans foi ni loi, se comportant comme un gourou exigeant, est terriblement crédible. Dés les premiers paragraphes, on espère, on attend l’affrontement libérateur pour l’adolescente, le moment où elle va foudroyer ce géniteur abominable. Viendra-t-il ?
C’est un livre Majuscule, anxiogène et inoubliable.
Françoise Letourneau
Le mystère Henri Pick / La belle n'a pas sommeil
Le mystère Henri Pick de David Foenkinos |
La belle n’a pas sommeil d’Eric Holder |
J’ai décidé de présenter en parallèle ces deux romans qui ont pour sujet commun le livre.
Dans le premier chapitre de chacun d’entre eux, un solitaire d’âge mûr a créé un lieu entièrement improbable, au fin fond des terres, dans l'air marin, le premier à Crozon, dans la presqu’île du même nom, en Bretagne, le second sur la presqu’île que forme la rive gauche de l’estuaire de la Gironde à la Pointe de Grave.
David Foenkinos fait de cet homme un bibliothécaire, Eric Holder un bouquiniste.
Autre point commun, les deux auteurs écrivent là un roman, mais s’appuient sur la réalité : Foenkinos mentionne François Busnel, Jack Lang, Frédéric Beigbeder...
Holder décrit le lieu qu’il a lui-même créé et où il a vécu dans le Médoc.
Dernier point commun : on éprouve à leur lecture un sentiment de légèreté et, pour parodier un titre de Foenkinos, "on va mieux".
Le Mystère Henri Pick
David Foenkinos
paru en 2016 chez Gallimard
le film va sortir en mars 2019
Vous lirez ce roman pour son intrigue rebondissante et confondante, pour les destins entrecroisés de gens simples, mêlés à cette histoire. Le mystère et le suspense restent entiers jusqu’au tout dernier chapitre.
Un bibliothécaire, inspiré par un texte de l'écrivain américain Richard Brautigan, décide de rassembler tous les ouvrages refusés par les éditeurs et reçoit alors toutes sortes de manuscrits ou tapuscrits. Une jeune éditrice ambitieuse y découvre ce qu'elle estime être un chef-d’œuvre et se met à la recherche de l'écrivain. Elle rencontre sa veuve qui lui raconte qu'il tenait une pizzeria et n'avait jamais lu ni écrit une ligne de sa vie. Aurait-il eu une vie secrète ? La jeune femme se lance alors dans une folle enquête littéraire qui constitue tout le propos du livre.
David Foenkinos nous démontre le pouvoir d’un livre sur l'existence du lecteur. Il croque et mord - gentiment - tous les acteurs de la filière du livre et prouve que le "roman du roman" passionne davantage le public que le roman lui-même. Un livre léger, plein d’humour, satirique, une comédie sur la fabrique du succès.
La belle n’a pas sommeil
Eric Holder (décédé le 22 janvier 2019)
paru en janvier 2018 au Seuil
Dans le Médoc buissonneux et sablonneux, Antoine vit au milieu des livres, dans la bouquinerie qu’il a installée entre lande et forêt, là où il est difficile de le dénicher. Il y est heureux. Des livres, il dit : « Ils m'ont sauvé la vie, je sauve la leur », en les recouvrant de papier cristal. Dans cet environnement sauvage, on croise Marco, le garde-champêtre en reconversion, Marie la boulangère avec qui Antoine partage certains soirs sa solitude, Jonas, l'homme des bois, rebelle qui lui chaparde 2/3 livres d'un même auteur et l'intrigue, et Inès, la petite rom, un monde à la fois populaire et marginal.
Et survient la belle Lorraine, une femme libre, sensuelle, généreuse, au parfum d’aventure. C'est une conteuse itinérante qui s'installe provisoirement dans la maison voisine de la bouquinerie. Elle va semer une merveilleuse pagaille dans la vie de notre contemplatif solitaire qui a l’âge d’être son père. C'est un couche-tôt, elle n'a pas sommeil.
C’est un livre, là encore, léger, mais aussi lumineux, rempli de pudeur et d’humanité. Vous le lirez pour son écriture magnifiquement ciselée, d’une grande poésie, et pour les sujets qu’il aborde avec finesse, le plaisir des mots, la magie des livres, celle de l'amour, etc.
C’est en 2009 que David Foenkinos devient connu grâce à son roman « La Délicatesse », tournant de sa carrière. Il est listé pour tous les prix et en obtiendra 10. En 2014, il est de nouveau listé pour Charlotte et obtient le prix Renaudot et le prix Goncourt des lycéens. De ses romans La Délicatesse et Les Souvenirs seront filmés du même nom.
Depuis 2005, Eric Holder a vécu dans le Médoc. Ecrivain sensible et discret, il raconte avec légèreté la vie quotidienne des sentiments. Mademoiselle Chambon, L'homme de chevet et Bienvenue parmi nous ont été filmés.
Danièle Perrault
CHANGER L'EAU DES FLEURS-Octobre 2019
DANS LA MAIN DU DIABLE- Décembre 2019
Coup de coeur Décembre 2019
Anne-Marie Garat
Anne-Marie GARAT est née en 1946 à BORDEAUX. Romancière française, elle a obtenu le prix Fémina et le prix Renaudot des lycéens pour son roman « Aden » en 1992 et le prix Marguerite Audoux pour « Les Mal famées » en 2000 .
Elle fait des études de lettres à Bordeaux et passe un DEA de cinéma à l'Universite Panthéon-Sorbonne. Elle a été chargée de mission auprès de Jack Lang pour l'enseignement du cinéma à l'école.
Elle a publié de nombreux romans dans lesquelles les personnages féminins ont une importance très grande et une psychologie très fine.
Dans la main du diable
Nous sommes en 1913. Gabrielle, jeune hongroise est élevée par sa tante Agota dans un petit appartement de la Rue Buffon à Paris. Amoureuse de son cousin Endre depuis sa plus tendre enfance, elle va, à l'annonce de sa disparition par les autorités françaises, chercher la vérité. Cette quête va nous mener en Birmanie, colonie française, où est mort Endre, jeune chercheur. Gabrielle va remonter toutes les pistes possibles et nous plonger dans l'atmosphère de l'Europe Coloniale un an avant la déclaration de la Grande Guerre.
Pierre GALAY, grand chercheur à l'Institut Pasteur a connu Endre en Birmanie. Il l'a aidé à mourir et lui a promis de veiller sur sa femme Jane qui attend un enfant. Il l'épouse afin de pouvoir la ramener en France. Elle décédera à la naissance de Millie. Lorsque celle-ci atteindra l'âge de six ans la famille passera une annonce afin de lui trouver une perceptrice. Gabrielle va postuler afin d'entrer dans cette famille pour poursuivre sa quête de vérité. Pierre avouera à ses maîtres : « on part au bout du monde tester des vaccins et on tombe sur des criminels qui rêvent de massacres, on est vraiment dans la main du diable.
La famille GALAY est le prototype de la famille bourgeoise et industrieuse de ces années-là, menée d'une main de fer par Mathilde de Galay, véritable capitaine d'industrie. Cette grande famille a une nombreuse domesticité. Millie sera élevée dans la demeure du Mesnil à 20km de Paris dans l'affection de Gabrielle qui découvrira la passion. Elle croisera de nombreuses personnalités souvent très inquiétantes. Ce premier tome se termine par l'appel du tocsin qui sonne la mobilisation générale pour la grande guerre.
Ecriture agréable, fluide et dense. Dans la suite de la trilogie : « L'enfant des ténèbres », « Pense à Demain » , nous retrouvons Millie Jeune femme et maman.
J'ai eu le coup de foudre pour ce livre.
Marilou